Trop tôt disparu au moment même où les Sanfermines qui l’avaient tant inspiré vivaient leurs dernières heures à Pampelune, Loïc Renaud aura marqué d’une empreinte indélébile la longue et riche histoire de Los Calientes.
Musicien talentueux, arrangeur hors pair, meneur d’hommes aussi humble que charismatique, il s’était vu confier au début des années 80 la lourde tâche de succéder à l’emblématique Claude Fostein, fondateur et chef historique de la banda. Ses qualités humaines, son exceptionnelle pédagogie et son inépuisable créativité l’imposèrent tout naturellement à cette fonction qu’il sut sublimer pour amener Los Calientes à un niveau d’excellence musicale reconnu au-delà des frontières landaises.
Attaché aux racines navarraises de la banda et fervent admirateur de La Pamplonesa, la mythique harmonie de Pampelune dont il n’hésitait pas à se frotter aux morceaux de bravoure, Loïc éprouvait cependant un immense plaisir à défricher de nouveaux territoires musicaux afin de renouveler le répertoire et d’insuffler un vent de fraîcheur inédit et novateur pour l’époque. La qualité des enregistrements discographiques de la banda témoigne ainsi d’une intransigeance et d’une culture auxquelles il ne dérogea jamais tout au long de son parcours à la tête de la formation dacquoise. Après plusieurs 33 tours aux arrangements de plus en plus ciselés, c’est sous sa direction que Los Calientes empruntèrent le virage du numérique pour graver trois premiers CD qui les virent reprendre l’intégralité des hymnes des peñas pamplonaises, effectuer quelques remarquables incursions dans le répertoire mexicain, populariser la tamborrada de San Sebastian ou ressusciter des pasodobles de légende. Mais s’il convient de souligner le nombre incalculable de pasacalles réarrangés par ses soins ou son implication dans l’inoubliable déguisement en Légion Etrangère au cours des Fêtes de Dax 1993, c’est aussi pour avoir instauré la cérémonie de l’ « Agur » lors de la dernière journée des Fêtes que Loïc restera dans la mémoire collective – un Agur qu’il aura si souvent dirigé pour l’établir comme un sommet d’émotion de la Feria.
Homme de valeurs et de convictions, intelligent et cultivé, respecté et apprécié de tous, notamment ses amis des autres bandas landaises en l’honneur desquelles il composa des morceaux à la mode pamplonaise, Loïc Renaud laisse un héritage monumental dans lequel les générations futures de Los Calientes auront tout loisir de piocher pour demeurer au firmament des bandas.
Agur, Loïc : que le poum-tchac si reconnaissable de la banda et dont tu étais si fier continue de rythmer tes pas dans quelque forêt céleste, et surtout merci d’avoir été cet homme auquel Los Calientes doivent tant aujourd’hui.